2022

En 2022, des conditions climatiques et hydrologiques exceptionnelles

Le département des Pyrénées-Atlantiques, après 2 épisodes de crues en décembre 2021 et janvier 2022, a connu un déficit pluviométrique important depuis le mois de février, avec environ 30 % de précipitations en moins jusqu’à l’été.

Un fort déficit pluviométrique supplémentaire en juillet et août, associé à plusieurs épisodes de canicule, a occasionné une forte baisse des débits des cours d’eau et des niveaux des nappes. Ce déficit pluviométrique a également perduré en septembre et octobre, mis à part fin septembre un épisode de précipitations important, notamment au Pays basque, apportant un léger répit.
Les cours d’eau ont connu des débits extrêmement bas, avec de nombreux assecs constatés sur des petits affluents ou en tête de bassins versants.

Conséquences de cette sécheresse et gestion de la crise

Face à cette situation exceptionnelle, pour limiter les impacts de cette sécheresse, et pour gérer au mieux les différents usages de l’eau et les maintenir le plus longtemps possible, des mesures inédites dans le département ont dû être mises en place. Le préfet a ainsi constitué un comité départemental sécheresse qui se sera réuni au total à 8 reprises entre le 5 juillet et le 6 décembre (tous les 15 jours environ au plus fort de la crise), et qui a favorisé la concertation et l’acceptabilité des mesures prises. Habituellement, seul un comité technique spécifique irrigation était réuni les années précédentes pour appliquer un plan de crise irrigation ne concernant que quelques affluents régulièrement déficitaires.

Eau potable

Des tensions sur le réseau d’eau potable ont commencé à apparaître dès la mi-juillet avec une très forte consommation d’eau à partir du réseau d’eau potable sur les périodes de canicule et une baisse sensible de plusieurs ressources. Ainsi, un arrêté préfectoral de limitation des usages non essentiels de l’eau potable a été établi en concertation étroite avec les gestionnaires et pris dès le 26 juillet sur 26 communes du Pays basque et du secteur d’Orthez qui ont été placées au 1er niveau "Alerte".
La situation s’est ensuite détériorée sur d’autres secteurs du Pays basque et sur quelques communes en montagne. Au plus fort de la crise, les mesures ont concerné 107 communes (dont 95 communes du Pays basque placées en crise.

carte des mesures de restriction maximales appliquées pour l’usage de l’eau potable

Ces mesures, inédites dans le département, ont fait baisser la consommation (d’environ 10 à 30 % selon les gestionnaires de réseau), lesquelles combinées avec des interconnexions de secours mises en place par la communauté d’agglomération Pays basque, ont permis d’éviter des ruptures d’approvisionnement. Au final, seules 6 communes (5 au Pays basque : Ossès, Saint-Martin-d’Arrossa, Lichans-Sunhar, Aussurucq et Irouléguy et 1 en Béarn : Lanne en Barétous) ont nécessité temporairement des approvisionnements par camion citerne. Toutes les mesures de restriction ont été levées mi-janvier 2023.

Agriculture – Irrigation

Les cultures non irriguées ont beaucoup souffert (environ 50 % de rendement en moins selon la Chambre d’Agriculture).

En ce qui concerne les cultures irriguées, qui représentent 15 % des surfaces cultivées, l’irrigation s’est déroulée à peu près normalement, sauf sur les petits affluents régulièrement déficitaires, le plan de crise existant ayant dû être actionné avec 1 mois d’avance, ainsi que pour des cultures tardives en zone de répartition des eaux (ZRE).

– en ZRE, les réserves d’eau des retenues collectives réalimentant la quasi-totalité des prélèvements ont diminué trop rapidement ; des mesures de restriction de l’irrigation (tours d’eau) ont dû être exceptionnellement mises en place à la mi-août sur tous les axes réalimentés, couplées à un abaissement des débits de gestion, dans le double objectif de prolonger le soutien d’étiage et de satisfaire les cultures tardives.

Néanmoins, cela n’a pas suffi pour le Luy de Béarn, où les culots piscicoles ont été atteints sur 2 retenues, ce qui a nécessité le placement de ce secteur en crise.

– hors ZRE, si les gaves de Pau et d’Oloron, principales ressources pour l’irrigation, ont connu des débits relativement bas, en dessous des débits objectifs d’étiage (DOE), et ont été placés en vigilance, ils n’ont pas atteint des seuils qui auraient nécessité la mise en place de restrictions. La Nive et la Nivelle ont été placées en crise pour préserver les ressources pour l’eau potable du Pays basque, mais très peu de cultures sont irriguées dans ce secteur.

carte des mesures de restriction maximales appliquées pour l’irrigation

Hydroélectricité

Les réserves des retenues de la SHEM en vallée d’Ossau (Bious, Artouste et Fabrèges) se sont également rapidement épuisées.
Afin de maintenir un potentiel de jours de production suffisant pour l’hiver, la SHEM a été autorisée, par dérogation, à réduire le soutien d’étiage en aval de la retenue de démodulation de Castets pour les mois de septembre, octobre et la première quinzaine de novembre. Cette dérogation n’a pas été prorogée au-delà du 15 novembre compte tenu du début de la période sensible pour la fraie des saumons. Par ailleurs, les fortes pluies de novembre ont permis un remplissage des réservoirs à un niveau quasi normal pour la saison.

Milieu naturel

Le milieu aquatique a beaucoup souffert sur les petits cours d’eau où de nombreux assecs ont été constatés, entraînant de la mortalité piscicole, malgré plusieurs pêches de sauvetage organisées par la Fédération de pêche.

Par ailleurs, la mauvaise qualité des eaux dans les retenues collectives d’irrigation lors de l’approche ou de l’atteinte des culots piscicoles (température de l’eau trop élevée, présence de cyanobactéries) a entraîné également de la mortalité piscicole.

Sur le nord est du département, plusieurs rejets de stations d’épuration ont été constatés dans des cours d’eau en assec avec en corollaire une qualité d’eau dégradée.

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